Gouverner c’est vider (le chômage du canal)

20 décembre 2021 / Envoi n°3 / Tirage 13x18
Pellicule n°137 / 7 janvier 2016
En janvier 2016, on a vidé le canal Saint-Martin. Ca avait duré 3 mois, mais passé le 8 janvier il n'y avait en fait qu'un chantier à ciel ouvert à voir. 14000 tonnes de vase avaient été déplacées. Quatorze milliards de grammes de vase. La mairie ne communique peu sur les déchets trouvés au fond, rien non plus sur l'arsenal qu'on s'attendait à y retrouver en amont du port, et les seuls cadavres qui semblent reposer sur leur lit de vase sont ceux des apéros écolo-friendly.

On apprend malgré tout qu'il y a eu 180 vélos dont moitié de Vélib, 23 motos, 53 caddies et 10 poussettes. On s'interrogera sur l'état d'esprit du fonctionnaire qui a donné ces chiffres, dans cet ordre-là. Peut-être que les armes étaient cachées dans les poussettes ? Quand je vivais quasiment au bord du bassin de la Villette, les poussettes de l'immeuble servaient bien de cache à herbe. 260 tonnes de déchets.

En 1886 il paraît qu'on avait retrouvé un coffre fort dans ce qui devait être le premier chômage du canal. En 1886 au Ministère des Travaux Publics, il y avait une Commission du Chômage des Canaux. Commission à qui l'on demandait de réduire les chômages pour l'année suivante et d'envisager leur suppression pure et simple à l'avenir. On imagine des lobbyistes nivernais du syndicat de la Marine ouvrant avec malice une cave à cigares tandis que le ministre les reçoit dans la pénombre d'une soirée d'hiver.
« - Merci Monsieur le Ministre, c'est une sage décision
- Oh vous savez, c'est la CCC qui prendra cette décision, bien sûr, la CCC...
- Oui, bien sûr. Tenez, goutez celui-ci, il vient du Panama »
Mais je divague. Où va la vase ? Que fait-on des vélos ? Et les caddies ? Quelqu'un en récupère les jetons ?
